La pariade (et non "parade") désigne la danse nuptiale effectuée par le mâle et la femelle lors de l'accouplement. Voici son déroulement, étape par étape :
1) L'approche
Lorsqu'un mâle repère une femelle mature, il s'approche doucement d'elle, petit à petit. Pendant quelques minutes, il va lui tourner autour, se rapprochant lentement, jusqu'à arriver au contact. Il commence alors doucement à la caresser de ses pinces, afin de s'assurer que la dame accepte de lui accorder ses faveurs.
Toutes ces mesures semblent nécessaires, en ce sens que si la femelle n'est pas réceptive, elle peut décider d'attaquer le mâle pour en faire son repas, surtout chez les espèces les moins sociables. En restant sur la défensive, le mâle garde ses précautions, ce qui lui permettra de réagir en cas d'attaque brusque (par la fuite s'il peut, par le combat s'il n'a pas le choix).
2) La danse nuptiale
Dès qu'il s'est assuré des bonnes dispositions de la femelle, le mâle prend celle-ci par les pinces. Les deux individus se font alors face, et se déplacent dans un balai qui semble très désorganisé de prime abord : d'avant en arrière, d'arrière en avant, de gauche à droite, de droite à gauche... Chacun pousse et tire l'autre dans une danse fascinante, bien que pas forcément gracieuse. Petit à petit, les metasomas des deux protagonistes se rejoignent au dessus de leurs cephalothorax, se frôlent et s'emmêlent, comme s'ils cherchaient à se piquer mutuellement. Mais il n'en est rien : les mouvements sont parfaitement maîtrisés, et cette cérémonie peut durer plusieurs dizaines de minutes à plusieures heures, sans la moindre hostilité entre les partenaires.
3) La pose de l'hémispermatophore
Le mâle, qui danse toujours avec la femelle en la tenant par les pinces, guide celle-ci jusque sur une surface solide, comme une pierre ou un morceau d'écorce. C'est là qu'il va déposer son hémispermatophore, qui va rester fixé au sol par la base, érigé selon un angle d'environ 45°.
4) Fécondation de la femelle
Le mâle recule alors en tirant la femelle vers lui, de façon à placer son orifice génital juste au dessus de l'hémispermatophore. Par une succession de mouvement saccadés d'avant en arrière, il fait en sorte que celui-ci force l'opercule génital de sa partenaire. La pression ainsi exercée fait jaillir le sperme, qui badigeonne l'intérieur des voies génitales de la femelle... Aboutissant à la fécondation quand tout se passe bien.
5) Séparation
Quelques secondes après la fécondation, les deux partenaires se séparent. Chez les espèces les plus sociables, le mâle pourra rester quelques temps en compagnie de la femelle, jusqu'à ce que celle-ci, rendue nerveuse par sa gestation, préfère retrouver la solitude. Il arrive qu'après la pariade, la femelle revienne s'emparer de l'hémispermatophore vidé de sperme pour le dévorer. Il arrive aussi qu'elle décide de l'offrir au mâle pour que ce soit lui qui l'ingurgite.
Enfin, chez certaines espèces, la femelle tue le mâle immédiatement après la fécondation, et le dévore, comme c'est le cas chez beaucoup d'espèces d'araignées. Pour la femelle, cet acte de cannibalisme assurerait de précieuses réserves de nourriture, bienvenues avant une longue gestation.